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2017-2018

Témoignage au collège Jules Ferry à Maisons-Alfort d’un ancien résistant déporté

Le 13 décembre 2017, monsieur Villeret est venu témoigner devant les élèves de 3ème du collège Jules Ferry à Maisons-Alfort, de son expérience d’ancien déporté résistant durant la seconde guerre mondiale. Voici des extraits de son récit :


Suite à l’agression de la Pologne le 1er septembre 1939, l’Angleterre puis la France se déclarent en état de guerre avec l’Allemagne, le 3 septembre. La Pologne est rapidement anéantie, la drôle de guerre se met en place et se termine le 10 mai 1940, par l’invasion de l’Europe de l’Ouest. Après de durs combats, c’est l’armistice du 22 juin.

Le 14 juin, je pars en exode, en vélo, et c’est à Bourges que je vois les premiers soldats allemands. Début juillet, c’est le retour sur Paris.
C’est également l’amertume et la détresse de la défaite. C’est l’écoute de la radio anglaise et la connaissance de l’Appel du 18 juin 1940, adressé aux Français et qui nous redonne l’espoir. C’est aussi le début des restrictions et la faim qui s’installe.


J’ai 17 ans. J’ai besoin de faire quelque chose contre l’occupant.
L’Angleterre tient. Le 22 juin 1941, l’Allemagne attaque l’URSS et les pertes en hommes sur le front de l’Est sont énormes. Les Allemands offrent de bons salaires pour aller travailler en Allemagne mais cela ne suffit pas.
Le Gauleiter Sauckel et le Président Laval se mettent d’accord pour envoyer en Allemagne des travailleurs adultes. C’est « la Relève ». Pour cinq travailleurs envoyés, un prisonnier de guerre français est libéré.


Voyant le moment où les adultes ne suffiront pas, le 5 novembre avec trois camarades, nous partons rejoindre la zone non occupée pour échapper à un envoi en Allemagne.
Malheureusement, suite au débarquement des Anglo-américains en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, les Allemands envahissent la Zone Libre. Notre projet de partir en Afrique du Nord tombe à l’eau.
Le 6 janvier 1943, mes parents reçoivent des autorités militaires allemandes une convocation me concernant, m’enjoignant de me présenter à la gare de l’Est, le 8 janvier, au train de 11 h 45 pour aller travailler en Allemagne. Avec menaces de sanctions si je ne me présentais pas.


Je deviens donc Réfractaire à la Relève, et la police allemande vient enquêter chez mes parents.

Je trouve du travail à la Standard Française de Pétrole et je vais fabriquer du charbon de bois en Dordogne, près de Sarlat.
Je vais me faire recenser à la mairie de cette commune pour avoir ma carte de ravitaillement.


En février 1943, c’est l’institution du Service du Travail Obligatoire (STO), la classe 1942 est désignée pour ce service. Je suis né le 11 décembre 1922. En mai, je reçois ma convocation sur le chantier où je travaille pour le STO. Je n’y réponds pas. Je suis dénoncé et je dois partir. Je reviens chez mes parents à Maisons-Alfort.
Je n’ai plus de carte de ravitaillement et je suis recherché par la gendarmerie. J’arrive à avoir une fausse carte d’identité au nom de Jean-Jacques Moreau.


Le 31 décembre, j’entre dans la Résistance armée, dans les Francs-Tireurs Partisans (FTP). Le 31 janvier, je suis arrêté par la BSP de la Préfecture de Police. Le 3 février, je suis remis entre les mains de l’autorité militaire allemande et interné à la prison de Fresnes, au secret.
Le 7 juillet, départ, avec 61 résistants, de la prison pour le camp de concentration de Natzweiler (Bas-Rhin) où j’arrive en tant que Nacht und Nebel (NN), matricule 19 410.


Le 4 septembre, évacuation du camp devant l’avance des Alliés et arrivée au camp de concentration de Dachau le 6 septembre, matricule 101 923.
Le 7, départ et arrivée au Kommando d’Allach, jusqu’au 22 janvier 1945 où je retourne à Dachau.


Le 29 avril, c’est la libération du camp par l’armée américaine. Le 26 mai, je rentre en France à Colmar.


Jean Villeret passe donc plus de 9 mois en détention en tant que déporté NN, il doit disparaître sans que sa famille ne sache ce qu"il est devenu. Mais il survit, revient avec sa tenue de déporté et reprend sa vie.


Depuis de nombreuses années, il témoigne de son expérience devant les jeunes, et leur passe un message clair et simple : restez vigilants, votez en connaissance de cause, et faites en sorte que la paix demeure, toujours.


L’émotion des élèves était palpable, leur intérêt indéniable. Les voilà désormais passeurs de mémoire.


La directrice académique du Val-de-Marne et les personnels du collège remercient M. Villeret pour sa venue, son témoignage, son éclairage, et surtout sa leçon de civisme et de citoyenneté.

© DSDEN94 - article actualisé le 2 février 2018

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